En un beau début d'après-midi, Keefe se baladait dans les rues de Pré-au-lard; sans raison particulière, juste pour le plaisir de se promener ailleurs que dans le château. Tranquillement, la jeune aiglonne flânait le long des boutiques, profitant du calme qui régnait pour mettre de l'ordre dans ses pensées. Elle se dit que si elle en avait le temps, elle ferait une petit tour à la poste magique pour envoyer une lettre à ses parents. Réjouie par cette idée, elle tritura le bracelet qu'elle portait à son poignet, une jolie chaîne en argent, ornée de ses initiales. Pensive, la jeune Serdaigle ne remarqua pas la créature bleu vif qui voletait près de son oreille. Celle-ci se précipita vers le bijou, et l'arracha brusquement avec un jacassement moqueur. Keefe poussa un cri, et tenta de le rattraper, mais le lutin s'éleva dans les airs en piaillant, trop haut pour qu'elle puisse l'atteindre.

La jeune fille poussa un cri d'exaspération, car le bijou était un cadeau de ses parents et elle y portait un valeur particulière. Sans plus réfléchir, elle s'élança à la poursuite du lutin - qu'est-ce qu'un lutin de Cornouailles faisait dans les rues de Pré-au-lard ?! - et courut en zigzaguant entre les passants, le regard fixé sur le point bleu qui volait à toute vitesse en gloussant dans les airs. Un élève de Poudlard se trouvait au milieu de la route, et Keefe ne put l'éviter. Elle heurta un peu violemment son épaule, mais n'arrêta pas pour autant sa course.

Pardon ! - lança-elle au jeune garçon avec une grimace d'excuse.

Mais l'aiglonne ne pouvait pas perdre de temps en s'excusant plus, malgré l'horreur que lui inspirait son impolitesse, récupérer son bracelet était plus important. Elle continua sa poursuite du lutin, qui s'engagea dans un chemin qui s'éloignait du village. Keefe ne reconnaissait pas les environs, et espéra qu'il n'irait pas dans un endroit trop compliqué d'accès; elle était décidée à reprendre son bien. Mais malheureusement, la créature farceuse s'engouffra dans un lieu bien connu des élèves de Poudlard, auquel se rapportait de nombreuses légendes. La Cabane Hurlante. À bout de souffle, Keefe s'arrêta juste devant la barrière autour de la maison, hésitant à présent à continuer son poursuite. C'était un lieu dangereux, et elle n'était pas rassurée à y entrer seule, d'autant plus qu'elle n'avait prévenu personne. Avec un nouveau soupir, la jeune fille regarda autour d'elle, cherchant du regard de l'aide.

Stoppée dans sa poursuite du lutin voleur, Keefe hésitait à pénétrer dans la Cabane Hurlante où il était entré, sans doute pour l'embêter encore plus. Chaque seconde perdue à hésiter augmentait les chances que la jeune fille ne retrouve jamais son bracelet chéri, et ce fait faisait grandir une angoisse dans sa poitrine. Elle ne se pardonnerait jamais de l'avoir perdu, surtout de cette manière si stupide. Qu'allait-elle dire à ses parents ? Qu'un lutin de Cornouailles l'avait attaquée et lui avait pris sa chaine avant de s'enfuir dans un lieu trop effrayant pour qu'elle le suive ? Keefe prit une grande inspiration, décidée à le retrouver, un peu pour ne pas se couvrir de ridicule. Mais son bref élan de courage fut dissipé lorsqu'elle aperçut les nuages sombres au dessus de la Cabane Hurlante, promettant une belle averse. La jeune aiglonne ne tenait pas du tout à se retrouver seule, trempée, dans un lieu possiblement hantée, à la recherche d'un maudit lutin.

Elle tergiversait, un pied en direction de l'effrayante cabane, lorsque deux mains agrippèrent ses épaules et qu'une voix lui hurla dans l'oreille : BOUH ! La jeune fille hurla, avant de faire ce qu'un père surprotecteur et des leçons de self-défense lui avait appris: elle balaya les chevilles de son agresseur, le faisant tomber à terre. Le cœur battant, dans un état de panique fortement augmenté par cette étrange attaque, Keefe recula d'un pas trébuchant pour regarder son assaillant en face. Elle fut stupéfaite de s'apercevoir qu'il s'agissait d'un jeune garçon aux cheveux brun clair, celui qu'elle avait bousculé un peu avant. Peut-être s'était-il vengé ou alors il trouvait que ses excuses n'étaient pas suffisantes. A présent les joues rouges de honte, elle balbutia :

- Euh... Je suis... désolée ! J'ai été prise par surprise...

La jeune Serdaigle s'arrêta de parler pour jeter un regard anxieux à la maison hantée, et soupira en voyant que le lutin n'était toujours pas ressorti. Sans doute il était en train de glousser, fier de sa mauvaise farce, bien à l'abri d'éventuelles représailles d'elle - pour l'instant. Elle réfléchit intérieurement à deux possibilités: s'enfuir en direction de la Cabane Hurlante pour se dépêcher de retrouver son bijou, ce qui serait d'une impolitesse monstre; ou s'excuser à nouveau et tenter de comprendre pourquoi le garçon lui avait fait peur, en perdant du temps pour sa poursuite. Keefe se décida pour la seconde option, la politesse étant la priorité chez elle. Elle lui demanda d'une voix timide, rendue presque inaudible par l'anxiété:

- Euh, pourquoi tu m'as fait bouh ? Je suis désolée, c'est juste qu'un lutin m'a volé mon bijou et j'y tiens c'est un cadeau de mes parents, donc euh je le poursuivais mais il est entré là-bas et j'ai un peu peur d'entrer, en plus il va pleuvoir, et le toît est pas en très bon état, et euh désolée de t'avoir fait tomber j'ai eu peur et aussi pardon de t'avoir bousculé tout à l'heure, j'étais à sa poursuite du lutin...

La jeune fille arrêta son monologue en se rendant compte qu'il était tout à fait incompréhensible, il devait la prendre pour une folle. Elle tendit sa main au garçon, pour l'aider à se relever, en se promettant de de cacher à chaque fois qu'elle le recroiserait au château. Keefe se promit aussi de se précipiter à l'intérieur de la Cabane dès qu'elle pourrait, elle avait déjà perdu assez de temps comme ça, tant pis si elle paraissait totalement timbrée. La poisse... il n'y avait qu'elle pour se retrouver dans des situations pareilles.

‌Les joues toujours rosies d'embarras, Keefe espérait que le garçon ne lui en voudrait pas trop d'avoir réagi si... brusquement. Heureusement, il ne paraissait pas trop fâché, juste surpris. Il avait même un sourire au coin des lèvres ? Le jeune garçon se releva et résuma en une phrase son discours incompréhensible, ce qui rassura un peu la jeune fille. Cela lui éviterait de perdre encore plus de temps à tout réexpliquer.

- Oui, il m'a volé mon bracelet. Ca parait pas très grave mais c'est mes parents qui me l'ont offert et...

‌L'aiglonne s'interrompit en se disant qu'elle devait avoir l'air ridicule à autant se soucier d'un simple bijou. Mais pour elle ce n'était pas rien et le récupérer la tenait vraiment à cœur. Sauf que la suite de la poursuite incluait un lutin méchant, une maison hantée et un orage qui ne devrait bientôt plus tarder. Alors qu'elle hésitait pour la millionième fois à entrer dans la Cabane Hurlante, le jeune garçon décida à sa place d'une voix bizarrement enthousiaste et s'élança vers la Cabane.

- Hein ? Mais euh... c'est sans doute interdit d'y aller et c'est peut-être dangereux !

‌Keefe regarda le garçon s'approcher de la vieille bâtisse avec appréhension, très étonnée de sa réaction. Elle prit une inspiration, et rejoignit en courant son camarade. Elle devait absolument retrouver son bien, et cela serait indigne d'une Lavigne de laisser quelqu'un s'en charger à sa place. Et... elle avait un peu la frousse de rester toute seule. Un fois à ses côtés, elle demanda timidement au garçon, avec un petit regard de regret en arrière :

- Excuse-moi, mais euh pourquoi tu vas m'aider ? C'est... c'est pas une autre farce ? Parce que euh je t'ais quand même bousculé puis fais tomber...

‌Keefe regarda la Cabane Hurlante, qui paraissait encore plus effrayante de près. Elle n'avait pas du tout envie d'y entrer seule, mais s'il y avait quelqu'un avec elle, cela changeait beaucoup de choses. S'il n'avait pas de mauvaises intentions évidemment. Se reconcentrant sur sa quête, la jeune fille espéra que le maudit lutin n'était pas allé trop loin, histoire qu'ils puissent repartir le plus vite possible. Le jeune garçon se présenta, et après l'avoir dévisagé à nouveau d'un air incrédule - qui suivait les jeunes filles en panique dans des lieus flippants pour les aider ? - elle lui répondit poliment :

- Moi c'est Keefe Lavigne. Dis, t'as pas peur d'y entrer ? Parce que moi si... Au fait, si tu vois un petit truc bleu volant, ou une chaîne en argent, tu me le dis.

‌Après une seconde d'hésitation elle ajouta : le premier c'est le lutin de Cornouailles, l'autre mon bracelet.

‌Il n'avait pas dit pourquoi il lui avait fait peur, mais Keefe décida de ne pas s'en soucier, heureuse de s'être trouvé un allié, certes un peu trop enjoué de la situation.

Toutes mes excuses pour ce gros retard !!!
j'ai essayé de retrouver toutes mes idées :/
j'ai fait un gros pavé comme excuse (aa)

‌La jeune fille observa le visage à l'air bizarrement réjoui de son camarade, qui lui paraissait incongru vu les circonstances et les évènements qui allaient suivre. Il trouvait "marrant" d'entrer dans un lieu interdit et possiblement dangereux, ce qui n'inspirait pas confiance à la jeune aiglonne. Keefe préférait certes entrer dans la maison hantée avec quelqu'un que seule, mais pas si ce quelqu'un était là pour s'amuser et transformer une petite escapade avec un but en aventure risquée. Willy Hopkins ne lui paraissait pas très prudent, ce qu'elle considérait chez elle comme une qualité, et un peu trop enthousiaste. Sans doute était-il Gryffondor, avec leur manie légendaire de tout transformer en aventure pour exposer leur courage. Courage qu'elle enviait parfois certes, mais n'oserait jamais l'avouer. Keefe appréciait de vivre des aventures, mais de préférence pas trop rocambolesques ni imprévues; ce qui semblait être le contraire de son camarade. Mais elle appréciait quand même sa présence, qui lui éviterait des tracas supplémentaires. Avec un petit soupir, la jeune Serdaigle se dit qu'elle avait assez tergiversé, et qu'elle devait faire tout son possible pour retrouver au plus vite son bien. Dans l'esprit de la jeune fille, son père serait très déçu de constater qu'elle ne faisait pas tout pour récupérer un héritage familial égaré, ce qui lui donna un regain de courage.

Quand elle entendit le jeune garçon lui dire qu'elle n'était qu'une excuse pour entrer la Cabane Hurlante, Keefe n'en crut pas ses oreilles. Elle savait certes qu'il n'était pas là uniquement par bonté, mais de là à lui dire si brusquement qu'il n'en avait rien à faire de sa quête et qu'il l'aidait juste parce qu'il y avait des "tas de choses à faire là-bas" d'un ton si désinvolte... c'était idiot mais Keefe se sentit vexée. Tant pis, elle avait besoin de quelqu'un pour s'encourager, jamais l'aiglonne n'oserait entrer seule sur un presque coup de tête, et la présence d'un allié, certes peu impliqué, la rassurerait.

Keefe espéra quand même qu'il la prenait au sérieux, ainsi que son objectif, ce que le sourire en coin de Willy contredisait. La jeune Serdaigle poussa à nouveau un soupir en maudissant son hésitation qui lui faisait perdre du temps, puis posa un pied à l'intérieur de la cabane abandonnée. Elle chuchota un Lumos pour éclairer où ses pieds se posaient, puis avança de quelques pas dans le couloir sombre et poussiéreux. Elle prit une petite inspiration, puis se tourna vers Willy et lui dit timidement :

- Bon... Moi je pars à la recherche du lutin, toi tu fais ce que tu veux.

‌Les deux jeunes gens avancèrent en silence dans le couloir sombre, des nuages de poussière s'envolant autour de leurs pieds à chaque pas. La faible lueur qui émanait de la baguette de Keefe restait faible, et si elle permettait que de voir où ils mettaient les pieds, les alentours restaient sombres et leurs ombres prenaient des formes effrayantes. La jeune fille commençait un peu à regretter d'être entrée dans la Cabane. Juste un petit peu. Et malgré son objectif différent, la présence de Willy la rassurait, et la retenait de prendre ses jambes à son cou au plus vite, surtout avec les grincements qui résonnaient d'un temps à l'autre dans le couloir.

Marchant d'un pas lent, avec précaution pour éviter de trébucher sur une des fissures du plancher, Keefe éclaira les murs, à la recherche d'un signe du passage du lutin. Mais à part des portes défoncées et beaucoup de poussière et de toiles d'araignées, elle ne trouva aucun indice. Cela dit, c'était exactement comme ça qu'elle imaginait la Cabane Hurlante, effrayante et sombre, mais aussi pleine de mystère. Willy devait apprécier, se dit la jeune fille en lui jetant un coup d'œil. Son camarade restait silencieux, et ne paraissait pas avoir remarqué qu'il avait offensé la jeune Serdaigle. Keefe se sentait ridicule d'être vexée pour si peu, mais c'était plus fort qu'elle, elle avait l'impression qu'il ne la prenait pas au sérieux. Tant pis, elle avait besoin de lui. L'aiglonne espérait que même si retrouver son bijou n'était pas son objectif principal, il l'aidera quand même. Et ne s'éloignera pas trop d'elle aussi. Keefe avait beau avoir un peu plus de courage maintenant qu'elle était à l'intérieur, la perspective de rester seule dans un lieu sombre et possiblement dangereux ne l'enchantait guère.

L'aventure était risquée, et la jeune fille espérait que tout allait bien se passer et qu'ils pourraient retourner au château rapidement, avec son bracelet. Même si Willy ne semblait pas partager cet espoir. Tout allait bien se passer, se répéta à nouveau Keefe en observant une porte close mais qui avait un trou où aurait pu passer le lutin. Après tout, rien de grave ne pouvait arriver, ils étaient juste dans un lieu abandonné et risqué à la poursuite d'un lutin voleur qui avait pour le moment disparu on ne sait où. Non ?

Perdue dans ses pensées, Keefe ne remarqua pas que Willy venait d'entrer dans une petite pièce au bout du couloir, et se précipita à sa suite, apeurée à l'idée de se retrouver seule sans s'en rendre compte. Le sol était recouvert de débris et la jeune fille n'aperçut pas immédiatement la trappe au sol.

A ton avis, un lutin s'aventurerait jusqu'ici ?

Surprise par la question de Willy, Keefe se dit que finalement, il allait être d'une grande aide, elle n'aurait jamais pensé à ça sans lui. Bizarrement. Les lutins étaient des créatures malicieuses et ingénieuses, c'était tout à fait dans les cordes d'un de ces maudits chapardeurs de se planquer dans un endroit aussi peu facile d'accès. Mais ça paraissait un peu incongru à la jeune fille, et hésitant totalement, elle répondit timidement à son camarade:

- Hum, je pense que oui, c'est possible. Et la trappe est légèrement entrouverte, il aurait pu passer très facilement. Ca doit mener à une sorte de cave... Tu... Tu veux y aller pour vérifier ?

Sa première idée était de laisser le jeune garçon s'y aventurer tout seul, mais Keefe trouvait à présent cela lâche, et c'était indigne d'une Lavigne. De plus, c'était son bracelet, et donc à elle de le retrouver. Avec une petite inspiration, elle ajouta :

- Enfin, qu'on y aille pour vérifier...